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« Je t’appelle, ô mon Dieu, ô ma miséricorde, toi qui m’as fait et qui n’as pas oublié celui qui t’avait oublié. Je t’appelle dans mon âme que tu prépares à te recevoir, par le désir que tu lui as inspiré. Maintenant je t’appelle, ne m’abandonne pas, puisque avant même que je t’appelle tu avais pris les devants et insisté par des appels persévérants pour que j’entende de loin et me retourne et appelle vers toi qui m’appelais…
Donne-toi à moi, mon Dieu, redonne-toi à moi. Voici que je t’aime et c’est si peu, je veux aimer bien davantage. Nulle mesure ne me dira ce qu’il manque à mon amour pour qu’il soit suffisant et que ma vie coure vers ton amour et ne se détourne pas avant d’être abritée au secret de ta face. Tout ce que je sais, c’est que je vais mal sans toi, non seulement au-dehors, mais aussi au fond de moi-même et que toute richesse qui n’est pas mon Dieu est misère.
Et je dis : Mon Dieu où es-tu ? Ah voici où tu es ! Je respire un peu en toi quand je répands en moi mon âme dans un cri de liesse et de louange d’une fête jubilante. Et mon âme est triste encore car elle retombe et devient abîme, ou plutôt elle sent qu’elle est encore abîme. Ma foi lui dit, cette foi que tu as allumée dans la nuit, devant mes pas : Pourquoi es-tu triste, mon âme et pourquoi te troubles-tu ? Espère dans le Seigneur. Son Verbe est une lampe devant tes pas : Espère et persévère jusqu’à ce que passe la nuit, mère des méchants, jusqu’à ce que passe la colère du Seigneur, colère dont nous fûmes les fils autrefois, quand nous étions ténèbres… jusqu’à ce que souffle le jour et reculent les ombres. Espère dans le Seigneur… au matin, je serai debout et je verrai mon Dieu, le salut de ma face… De lui, pèlerins ici-bas, nous avons reçu le gage pour que nous soyons déjà lumière, maintenant que sauvés, encore qu’en espérance, nous sommes devenus enfants de la lumière, enfants du jour.
Seigneur mon Dieu, sois attentif à ma prière et que ta miséricorde exauce mon désir ! Seigneur sois attentif et prends pitié. Mon Dieu, lumière des aveugles et force des faibles, mais aussi bien lumière des voyants et force des forts. Sois attentif à mon âme, entends-la crier des profondeurs. Car si tu n’es pas là, même dans les profondeurs, à l’écoute, à qui irons-nous, vers qui crierons-nous ? Ô Vérité, lumière de mon cœur, ne laisse pas les ténèbres me parler : Je me suis englouti dans les choses d’en bas et je suis devenu obscurité : mais de là-bas, même de là-bas, je t’ai profondément aimée. Je me suis égaré, mais je me suis souvenu de toi. J’ai entendu ta voix derrière moi me disant de revenir… Et maintenant, voici que je reviens tout brûlant, haletant vers ta source : que nul ne m’en éloigne, que j’y boive et y trouve la vie… Je fus la mort pour moi, en toi je reprends vie. »