Ce misanthrope proclamé aborde les sujets qui fâchent. Confirme, que dans le domaine culturel on se fait avoir comme des bleus. Que nous considérons novateur ce qui n’est qu’une resucée de ce qui s’est exprimé en des temps plus heureux. Qu’un créateur autoproclamé audacieux, le plus souvent, n’est qu’un névrosé doté d’une personnalité à emballer des âneries. Caron pratique la mise en boîte dans une langue délectable où Théophile passe le témoin à Charles-Albert sur le chemin de la Grande Garabagne. Que la plaie qui s’élargit avec les ans est celle de la vanité qui empoigne bien des créateurs se prenant pour tels ; une vanité si puissamment culbuté dans les Cantos d’Ezra Pound. Caron qualifie nos contemporains d’« éberlués modernes » ; affirme, que « la beauté donne tout à qui la cherche » ; que les philosophes d’estrades sont des brocanteurs. L’art ? Une étiquette confortable. « Or l’art n’a de sens, nous prévient Georges Perros, que s’il exprime une présence humaine vierge – autant que possible ». Beethoven, Bach, font leur apparition sous un angle original. Par où, Caron démontre que Goethe rejoint Arnold Schönberg. Notre éveilleur est-il insolent ? « Quand on est insolent il faut être brave » écrivait Stendhal. Brave, courageux, téméraire en diable, Maxence Caron l’est en nous prenant la main durant cette longue randonnée à laquelle il serait bon de se référer dans les moments de doute ; chaque fois que nous revient en mémoire – que nous prenons conscience de ce passage : « L’époque du nivellement conquérant au nivellement conquis ».