Sur le roman en général et la rentrée littéraire en particulier, on lira l’article de Maxence Caron paru dans le numéro 88 du Service Littéraire (octobre 2015).

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Un extrait :

La récente parution aux Belles Lettres[1] des Romans grecs & latins en un seul volume permet d’apprécier, d’un long regard lecteur, à quel niveau les Anciens ont su élever le genre aujourd’hui le plus absolument souillé par le perpétuel contre-sens de nos contemporains. Face à cet héritage bimillénaire, l’époque ne se distingue que d’avoir su inventer les rentrées littéraires. La demi-douzaine de romans que lègue à nos soins une civilisation fondatrice croise ici l’éphéméride industrielle avec quoi se confond la vie littéraire d’une humanité qui ne vit pas. Chez Héliodore ou chez Pétrone s’impose certes un art et apparaît une force dont on ne trouve nulle trace au regard caudataire et fripé de bouledogue burgonde que Diane Moix dirige vers Agrippine Angot lorsque, confit en émotions et jamais lésineux sur la baguenaude, il s’agit d’affirmer à la quinteuse qu’elle est l’autrice du « plus important ouvrage de ses quarante dernières années ». À la lecture des Éthiopiques ou du Satyricon l’art du roman s’impose, cet art désormais disparu bien que constamment clabaudé. C’est dans un volume comme celui-ci où se côtoient Longus et Apulée, qu’entre L’Âne d’or et Daphnis et Chloé se découvre l’essence du roman, non dans le repoussant charcutis servi par le bien nommé Kundera, et dont l’ingestion destine à une céliaque incurable. […]

[1] Romans grecs et latins, Belles Lettres, 1200 p., 35 €