« Plus que jamais aussi, l’étranger a les yeux sur nous et nous observe d’une façon inquiétante et cruelle. La France est raillée et veillée sur tous les points parce qu’on la croit mensongère. Nous le méritons en quelque sorte, il est vrai, en affichant une mentalité de mauvais goût et scandaleuse, tout à fait dépourvue d’idéal. L’étranger se base sur les apparences, sur nos mœurs extérieures, sur la surface en un mot ; et la surface, chez nous, transpire l’irréligion et le désordre. Mais ce que l’étranger voit, ce qu’il connaît et condamne, ce n’est pas la France, ce n’est pas la vraie ! La vraie France, il ne la comprend pas, il ne peut pas la comprendre ! C’est qu’elle est trop profonde ; son fond secret et intime, elle ne le livre pas… elle le laisse ignorer par un tact bien français et de bon goût. La discrétion, c’est du génie ! La France est incomprise parce que méconnue… ou plutôt mal connue. Ce qui se dérobe à la vue n’échappe pas au cœur ! mais on ne connaît pas le cœur de la France, on ne connaît pas l’âme de la France. Notre âme française est à nous, c’est notre bien, c’est notre gloire, c’est notre honneur. Le devoir nous impose de ne pas la livrer. Elle est à Dieu… Mais le devoir nous impose aussi de la laisser apparaître pour qu’on la respecte. Il est bon de montrer au monde, qui nous nargue et s’impose en maître chez nous, que nos vertus françaises, que notre race chrétienne, vaillante et généreuse n’est pas morte, surtout actuellement où la pensée française est critiquée, l’idée française est censurée, sa morale discréditée, son goût flétri grossièrement, au-delà des frontières et presque sur notre sol… Nos journaux de toutes sortes circulent à l’étranger et s’y lisent à qui mieux mieux, nos mauvais romans surtout, et nous sommes par eux très mal jugés. Tous ces journaux, tous ces livres immoraux qui pullulent en masse en tous pays sont, pour la plupart, mis en circulation par des Français qui ne le sont plus que de nom. Je n’ose pas dire qu’ils sont consciemment coupables… ils ne sont certainement qu’aveuglés, « ils ne savent pas ce qu’ils font », mais l’action n’en reste pas moins lamentable et répréhensible.

Les actes d’héroïsme, les actes admirables et les grands saints sont assez nombreux en France et plus que partout ailleurs, pour qu’on ne se fie pas seulement sur nos mauvais livres pour nous salir et nous abaisser. C’est à nous, chrétiennes françaises, à qui il appartient de travailler de tout notre cœur et de toute notre âme au relèvement moral, à la bonne renommée de notre noble France. C’est à nous de la défendre dans son esprit, sa religion, sa foi… dans tout ce qu’elle a de dignité, de loyauté, de chrétien. Comment, dira-t-on ? Par notre conduite, par notre piété, par nos prières. Que puis-je toute seule, direz-vous peut-être ? Serez-vous seule ? Et puis, si vous étiez seule à bien faire, est-ce pour cela que vous devriez ne pas continuer ? Ne suffit-il pas d’une faible étincelle pour allumer un immense incendie ? Ne suffit-il pas qu’un seul cœur déborde d’amour pour que mille autres en soient pleins ? Et puis, une seule bonne volonté en fait de suite lever des masses.

J’écoute les intimes confidence du Bien-Aimé : 

« Je réserve au monde entier, et particulièrement à la France, des trésors de lumières, des déluges de grâces… Jusqu’à la fin des temps, je ferai des prodiges, rien ne saurait m’arrêter, ni la férocité des démons ni la résistance des hommes… je les terrasserai.

Je me choisirai des âmes pour les recevoir. » »

Vénérable Marhe Robin, Journal