L’inaltérable grandeur du peuple juif vient de ce qu’il est le seul peuple surnaturel de l’histoire, le seul qui soit absolument « méta-physique ». C’est la raison pour laquelle les autres nations, qui de l’immanence se sont fait une religion, persécuteront jusqu’à la fin cette différence capitale du peuple hébreu. Elles persécuteront la pureté de la vérité transcendante que porte le peuple de l’élection, et dont le christianisme, qui est ce qu’il y a de plus puissamment juif, contient la plénitude d’expression.

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Au nom des bons sentiments qu’on leur connaît et sans le moindre regret pour ce dont l’histoire leur doit les conséquences, des gens « de gauche » battent le pavé de France en hurlant contre les Juifs. À quel satrape ne voteront-ils pas bientôt les pleins pouvoirs ! Car de Robespierre à Vichy, ce n’est pour eux, finalement et factuellement, que retour aux sources. À l’inverse d’à peu près tout le monde, je ne m’étonne point, toutefois, que dans le matérialiste pays d’une république athée tout spécialement bâtie pour désaltérer la revanche des gueux, le sentiment exprimé par la grasse éthique de ces déambulants grégaires soit à l’image de l’immanentisme sur quoi il est exactement fondé.

Quant aux fameux devoirs imposés aux mémoires par la gent républicaine, ils forment les consciences aux réflexes conditionnés, mais pas à la conscience. Quel que soit en effet le contenu de la déploration collective (génocide, esclavage…), aux yeux de l’État l’important est que ce contenu soit collectif : dans l’équation de cette organisation malsaine, ce contenu n’est qu’une variable indifférente, tandis qu’indépendamment de lui la constante est l’obligation de ne penser qu’uniformément, selon un formaliste ensemble d’opinions déclenchées par réflexe, quand on vous le demande. On ne juge là des choses que soviétiquement, sous injonction, en houraillis : comme le chien de Pavlov on ne bave qu’au bruit du métronome. Et le paradoxe surgit : malgré des années d’éducation républicaine et d’incantations diverses (« plus jamais ça », et cætera), des masses infâmes butissent encore leurs clameurs antisémites. Dans la nature de la république athée rien n’interdit cette ignominie, bien au contraire : le mot tellement laid de « laïque » a pour sens originel « ordinaire, vulgaire, commun » (cf. le latin laicus). Un État laïc se veut ainsi structurellement populaire, violent et grossier : il marche vers le fascisme comme vers sa vérité. Et c’est un fait, le fascisme n’est jamais né du droit divin. La « basse république » – traduction de respublica laica – ne veut jamais regarder vers le haut, elle n’est pas faite pour l’humanité de l’homme car il est celui qui, anthropos, se tourne vers le ciel (ana-tropos). Cet État athée ne rend pas impossible le crime contre l’humanité, mais il le couve et le nourrit : l’histoire contemporaine en est la suffocante démonstration. Rien n’a changé, donc rien ne change : sur les boulevards un peuple de possédés vocifère contre les Juifs. Évidemment : on leur a enseigné la théophobie laïque comme seule institution possible. Comment comprendraient-ils le caractère sacré du peuple méta-physique par essence, comment aimeraient-ils la singularité du peuple juif ? On leur a appris « la république ordinaire ». Ces braillements immondes n’auraient pas lieu si l’on enseignait la Torah ou l’Évangile. Aussi, tandis qu’à l’époque les laïcs avaient internationalement fait litière des promesses de Balfour, Pie XI, déployant la force déjà incluse dans le Concile de Trente, rappelait que les catholiques étaient spirituellement sémites, avant de publier en 1936 l’encyclique Mit brennender Sorge contre le nazisme et l’antisémitisme.

J’ai l’archet en main, je termine. Face à ce taudis de morale dont, accroupis dans leur youpala de vertus rhétoriques, les républicains athées font un cirque ambulant qui ne recule devant aucun processionnement antisémite, je propose la beauté de la raison : je propose la voie des Sémites spirituels, je propose le catéchisme de l’Église catholique. Son dernier éditeur se nomme saint Jean-Paul II.

Maxence Caron

Service Littéraire n° 176, décembre 2023