Ecologie : l’idole d’un crépuscule

George Carlin
« Save the Planet », in You Are All Diseased

« Dans ma vie il y a des règles que je m’impose de suivre. La première d’entre elles : je ne crois rien de ce que me dit le gouvernement. »
George Carlin
Rockets And Penises In The Persian Gulf,
album Jammin’ in New York, 10 novembre 1992, Atlantic/WEA.

Le discours de réception de Chateaubriand à l’Académie française

Chateaubriand, Discours de réception à l’Académie française (1811)

Contrairement à ce qu’exige une tradition qui, vu le cheptel, devient de plus en plus embarrassante, et demande que le discours de réception du nouvel académicien soit l’éloge du prédécesseur (ou, à défaut, celui du Cardinal de Richelieu), Chateaubriand ne fit pas un éloge, et souligna, entre autres, la mortalité littéraire de « l’immortel » qui le précédait, Marie-Joseph Chénier. Celui-ci le persécuta bassement pendant quinze ans, et réunit une meute pour dire combien Chateaubriand ignorait non seulement l’art d’écrire mais surtout la grammaire et les rudiments de français qui permettent de composer une phrase. Bref : encore un visionnaire.

Ce discours de réception est sans doute le seul où l’on voit dans l’Académie un homme qui a ce courage : habituellement l’Académie s’assure d’élire quiconque en sera dénué, ce pourquoi il ne faut jamais s’étonner de voir autant d’hommes de salon et si peu d’hommes de génie. Chateaubriand a fait ce qu’aucun académicien ne ferait aujourd’hui : mépriser sous la coupole un méprisable prédécesseur. Dans ce registre, il existe également, bien que plus feutré mais tout aussi remarquable, le discours de Paul Valéry qui dut faire l’éloge d’Anatole France et, en un long texte, ne prononça pas une seule fois son nom : Valéry refusait d’adresser tout témoignage d’estime à cet A. France qui avait été un jour hostile à Mallarmé…

Attendu qu’à l’heure où nous écrivons, son discours n’est pas disponible sur la page de l’Académie française où sont quasiment tous les discours de réception, il faut en déduire que Chateaubriand dut certainement laisser un immortel traumatisme à l’Académie de « ces quarante qui sont là et qui ont de l’esprit comme quatre » (Le célèbre mot est d’A. Piron, qui y fut élu puis en fut chassé).

*

Post-scriptum écrit neuf ans plus tard : le texte de Chateaubriand n’est toujours pas sur la page de l’Académie.

Racine : Eloge de Corneille

Réponse de M. Racine
aux discours de MM. Thomas Corneille et Bergeret

DISCOURS PRONONCÉ DANS LA SÉANCE PUBLIQUE
LE 2 JANVIER 1685

PARIS LE LOUVRE

Discours de M. Racine, en réponse à ceux de M. Thomas Corneille, reçu à la place de M. Pierre Corneille son frère, et de M. Bergeret, reçu à la place de M. de Cordemoy, le 2 janvier 1685.

Éloge de P. Corneille.

Messieurs,

Il n’est pas besoin de dire combien l’Académie a été sensible aux deux pertes considérables qu’elle a faites presque en même temps, et dont elle seroit inconsolable, si, par le choix qu’elle a fait de vous, elle ne les voyoit aujourd’hui heureusement réparées.

Elle a regardé la mort de M. de Corneille, comme un des plus rudes coups qui la pût frapper ; car bien que depuis un an, une longue maladie nous eût privés de sa présence, et que nous eussions perdu en quelque sorte l’espérance de le revoir jamais dans nos assemblées, toutefois il vivoit, et l’Académie dont il étoit le doyen, avoit au moins la consolation de voir dans la liste, où sont les noms de tous ceux qui la composent, de voir, dis-je, immédiatement au-dessous du nom sacré de son auguste protecteur, le fameux nom de Corneille. Continuer à lire « Racine : Eloge de Corneille »

Discours de réception de Bossuet à l’Académie française

M. Bossuet, évêque de Meaux, ayant été élu par l’Académie française à la place laissée vacante par la mort de M. du Chastelet, y est venu prendre séance le 8 juin 1671, et a prononcé le discours qui suit :

Sur les avantages de l’Institution de l’Académie.

Messieurs,

Je sens plus que jamais la difficulté de parler, aujourd’hui que je dois parler devant les maîtres de l’Art du bien dire, et dans une compagnie où l’on voit paroître avec un égal avantage l’érudition et la politesse. Ce qui augmente ma peine, c’est qu’ayant abrégé en ma faveur vos formes et vos délais ordinaires, vous me pressez d’autant plus à vous témoigner ma reconnoissance que vous vous êtes vous même pressés de me faire sentir les effets de vos bontés particulières ; si bien que m’ayant ôté par la grandeur de vos graces, le moyen d’en parler dignement, la facilité de les accorder me prive encore du secours que je pouvois espérer de la méditation et du temps. Continuer à lire « Discours de réception de Bossuet à l’Académie française »