« Bloc-notes du mystique à l’état sauvage » : la table des matières

Maxence Caron, Bloc-notes du mystique à l’état sauvage, Les Belles Lettres, 2024, grand format, 456 pages

Table des matières

Blason
Ier jour – Raison pourquoi je suis si beau
IIe jour – Psychopathologie de l’athéisme
IIIe jour – La contradiction démocratique
IVe jour – Bernard-Henri Lévy, cet inconnu
IVe jour et demi – Questionnaire sur la lecture
Ve jour – Mallarmé : l’histoire en toutes lettres
VIe jour – Nietzsche poussière que chasse la main de saint Ambroise
VIIe jour – Portrait du borborosophe (en retable puis en médaillon)
VIIIe jour – D’un grand homme s’animant en mon prodrome
IXe jour – Qu’est-ce que le « complotisme » ? ou De l’utilité du « complotisme » pour ses délateurs
Xe jour – George Sand : le siècle-femme
XIe jour – La doctrine de l’anticomplot général
XIIjour – Beethoven ou l’héroïque vérité de l’oreille confinée
XIIIe jour – Goethe et la rédemption
XIVe jour – La saison des crapaudes à plumes
XVe jour – Le touittosophe est aux cabinets
XVIe jour – L’athéisme ordinaire, Stardust Memories et Dieu
XVIIe jour – Philosophie apolitique
XVIIIe jour – La Folie contre l’insensé
XIXe jour – Véronique Lévy : le choral d’une âme
XXe jour – « À la guerre, moi, j’ai mes gestes-barrières ! »
XXIe jour – Séropolitique
XXIIe jour – Triomphe coronal d’une nation épidémique
XXIIIe jour – La virose et ses nouveaux moines
XXIVe jour – Des passes bien propres
XXVe jour – Philippe Muray et la conspiration des égaux
XXVIe jour – Ensodomecula
XXVIIe jour – Zelig ou la sagesse de Woody Allen
XXVIIIe jour – Créer Robert Penn Warren
XXIXe jour – Rivarol latiniste, traits par traits
XXXe jour – De la dévagination législative
XXXIe jour – La pensée politique de Chateaubriand
XXXIIe jour – La démocratie et l’opinion de savoir
XXXIIIe jour – La saison des vidanges
XXXIVe jour – Ils sont morts depuis le commencement
XXXVe jour – La vie d’Adèle van Ordinaire
XXXVIe jour – Judas Sensio
XXXVIIe jour – L’avenir de rien
XXXVIIIe jour – La danse macabre de Lambada Slimani
XXXIXe jour – Après une lecture des Pensées de Chateaubriand
XLe jour – Marc Fumaroli : une OEuvre
XLIe jour – Le logos du Christianisme et le génie de Chateaubriand
XLIIe jour – Le suave et rafraîchissant bourgeois
XLIIIe jour – L’immortel
XLIVe jour – Du scotisme au capitalisme insensé
XLVe jour – Le catéchisme contredivin des amis d’Alice Coffin ou La ménagerie du christianisme athée
XLVIe jour – Preuve de l’Immaculée Conception
XLVIIe jour – Du privilège comme sécrétion démocratique
XLVIIIe jour – Symptomatologie du foutriot qui lit
XLIXe jour – Homo mercator Deo placere vix potest

Le jour –  Pentécostaire du mystique à l’état sauvage
Admonitions inactuelles

Après le Le jour
Grande oraison vespérale


Les Lacunaires
Indices sur quarante-cinq ans d’existence

« Bloc-notes du mystique à l’état sauvage »

A paraître aux Belles Lettres début janvier

4e de couverture :

« Lorsque la sublime insolence de Maxence Caron se penche sur le monde et sur notre temps, ce ne sont pas eux qui gagnent.

Les faciles facéties où s’ébattent les légions de petits pamphlétaires nerveux, ou les ironiques grincements dont se nourrit le ressentiment n’ont pas leur place ici : Maxence Caron les abandonne aux trottoirs du siècle. Dans ce Bloc-notes de haute littérature, aussi noble qu’implacable, dans cette œuvre dont la généreuse puissance et l’humour magnifique participent de ce « grand éclat de rire divin » qu’aimait Claudel, l’auteur de L’Insolent et des Fastes déploie la force jubilatoire d’un style illimité. 

Au terme de l’ouvrage figure également le premier texte autobiographique publié par un écrivain qui vit caché et qui fut toujours particulièrement discret sur sa vie. 

On a écrit de « sa virtuosité » qu’elle « ouvrait des angles nouveaux et remarquables » (Ph. Sollers) ; et de la totale singularité de son œuvre comme de sa personne, on a souligné qu’elle faisait de lui « l’absent le plus réprouvé du paysage intellectuel français » (B.-H. Lévy). L’œuvre de Maxence Caron compte plus de 45 titres. Père d’un monumental système refondateur de la philosophie, solitaire initiateur d’une renaissance des arts et des lettres, révélateur d’une littérature nouvelle, Maxence Caron est incontestablement l’auteur le plus original et le plus impressionnant de son temps : étant donné l’état de la concurrence, il n’y voit guère un exploit. » 

Les Belles Lettres

Maxence Caron, Bloc-notes du mystique à l’état sauvage, Belles Lettres, broché, format 16 x 23, 456 pages, parution le 12 janvier 2024

Le volume contient quatre oeuvres : 

— Bloc-notes du mystique à l’état sauvage

— Admonitions inactuelles

— Grande oraison vespérale

— Les Lacunaires : Indices sur quarante-cinq ans d’existence

Consulter la table des matières détaillée sur le site des Belles Lettres

Carlyle : « Passé et présent »

Parution du chef-d’oeuvre de Carlyle, Passé et Présent.

Thomas Carlyle, Passé et présent, traduction de Camille Bos revue par Thibaut Matrat, présentation de Thibaut Matrat, « Classiques favoris », Les Belles Lettres, 2023

4e de couverture

Carlyle est un monument de la littérature anglaise. Né en 1795, avant que Bonaparte ne se fasse connaître, il meurt en 1881, à la fin de l’ère victorienne : la force, l’abondance et la longévité de son œuvre en font l’homme-siècle de l’Angleterre littéraire. Il naît contemporain de Byron et de la génération des « Romantiques » (Keats, Shelley), mais dans ce XIXe siècle de tant de bouleversements, son génie érudit et patient, aussi longanime qu’insolent, lui ouvre d’autres voies que celles où les poètes maudits se consument. 

Issu d’une famille pauvre de la noblesse d’Écosse, son goût pour l’étude le conduit à Édimbourg. La fréquentation des « Lumières » le rend neurasthénique. Détestant l’athéisme Carlyle découvre la force des auteurs de l’Idéalisme allemand, et y puise la sienne. Pendant plusieurs années, il traduit et commente ces auteurs de pointe. Son brio attire l’attention de Goethe : « Quelle force en lui ! » écrit le grand homme. Carlyle incarne la synthèse d’un équilibre puissant – d’un explosif équilibre ! Philosophe, érudit, traducteur, historien, ce savant d’avant-garde fait ainsi paraître, à presque 40 ans, son premier livre original, le roman Sartor resartus(« le raccommodeur raccommodé »). Roman d’initiation, baroque et mystique, satirique et philosophique, l’ouvrage est si nouveau que tous, encore aujourd’hui, demeurent en arrêt devant lui. Borges en affirma qu’il était « le plus hardi et volcanique » des romans qu’il connût. Carlyle publie dans la foulée l’une des œuvres qui aura le plus d’influence sur son siècle, son Histoire de la Révolution française. Michelet concevra la sienne dans l’obsession d’y réagir. 

Son chef-d’œuvre est publié en 1843 sous le titre Passé et présent. Dans une langue splendide et en un art flamboyant, il y rassemble ses pensées. Avec un demi-siècle d’avance, ces tableaux fracassants de la modernité, drôles et limpides, sont ceux dont, jusque dans ses titres, Chesterton reprendra l’inspiration. Le tempérament de Carlyle et son style sont d’un satiriste et d’un imprécateur : les colères brûlantes ou froides de ce Tacite furieux font aussi bien l’admiration de Marx que de Taine. 

Un tel auteur n’a toutefois rien du mastodonte égaré dans une époque qui ne serait pas faite pour lui : il est au contraire le plus perturbant des lecteurs de celle-ci. Il est l’un de ces grands et intemporels contre-modernes dans l’œuvre de qui tous ont puisé. Aussi Victor Basch, le cofondateur de la Ligue des droits de l’homme, a-t-il pu écrire ces mots remarquables : « Le réquisitoire que dans Past and Present, Carlyle a dressé contre la faillite sociale des démocraties n’a jamais été dépassé. » 

Notre édition reprend la traduction de Camille Bos soigneusement révisée par Thibaut Matrat, professeur agrégé de lettres. Elle comprend une abondante présentation historique de la vie, de l’œuvre et de la pensée de Carlyle. Cette longue préface est le premier essai d’importance écrit en France sur l’auteur depuis des décennies. 

Le Bloc-notes de Maxence Caron (été 2023)

Après la grandiose publication de sa Correspondance aux Belles Lettres en 2018, les Œuvres de Bonnefoy paraissent dans « la Pléiade ». Nécessaire et magnifique ouvrage. Il fut conçu par l’auteur même (mort en 2016). Les publications d’œuvres poétiques complètes sont devenues trop rares pour que soit facultatif d’apprécier ce volume dans toute sa portée, au-delà même de nos préférences. Bonnefoy proteste de près d’un siècle d’existence au service du verbe : cela se lit ! Et pour ceux à qui la réalité d’une bibliothèque n’est pas encore devenue étrangère, cela y entre. Disons notre gratitude à l’éditeur. Lors en effet que Gallimard n’omet pas de laisser travailler les gens de talent ou n’abandonne pas le pouvoir à d’impuissants préfets éditoriaux, alors, mieux qu’excellent, le résultat est toujours définitif. 

À cet égard, une leçon immédiate et paradoxale se prend de la lecture des œuvres de Bonnefoy. Un centième des œuvres que publie Gallimard est composé de véritables auteurs, et constitue ainsi, en soi, la spectaculaire condamnation de tout ce qu’imprime par ailleurs l’éditeur. À rebours de son habituelle complaisance envers les auteurs calamiteux, en un grand dédoublement schizophrène qui est peut-être une forme d’expiation, la maison Gallimard lance là, au-dessus de sa tête, la vigilance de Bonnefoy qui, dressant un œil d’art, se fait toujours un devoir de ne pardonner aucun compromis : c’est face aux choix de son propre éditeur que s’érige l’intemporalité de ce livre dont nous voyons Bonnefoy brandir la borne désapprobatrice. Ce fait compose une thématique explicite au cœur même des œuvres ici rassemblées. Faut-il dès lors admirer le courage d’un éditeur qui supporte la publication dont le contenu l’humilie ? Ou déplorer qu’il soit dans la situation de se devoir donner la discipline ? 

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Depuis soixante ans on nomme « progressiste » celui qui, non content de n’écouter plus que le chimpanzé qui est en lui, prend ses préjugés pour des axiomes. 

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Lorsque l’on se fut mis à crier partout que des hommes descendaient des singes, beaucoup eurent forcément la tentation de rechercher des suspects. 

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L’on entend parfois, grossièrement, et comme pour cacher une vérité immense, que « les Juifs » ont crucifié Jésus. Quelques Juifs, oui, dont certains notables hiérosolymitains qui, s’ils étaient nés au XIXe siècle, eussent fait la proie préférée des pourfendeurs de bourgeois. Les Juifs n’ont pas crucifié Jésus mais les Juifs ont annoncé Jésus. Les Juifs ont prêché Jésus. Les Juifs ont converti le monde à Jésus-Christ. Et se mêlant à ceux dont ils sauvaient les vies in æternum, d’eux-mêmes les Juifs se sont appelés Chrétiens. D’où ces paroles considérables que prononça la bouche de la Vérité : « Salus ex Iudaeis est, le Salut vient par les Juifs. » (Jn IV, 22)

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Le neurasthénique est un individu à qui il semble avoir souvenir du lendemain. À l’échelle collective c’est une population dépressive. Caïn était dans sa tombe et ne regardait pas Dieu… 

Maxence Caron

Service Littéraire n° 172, juillet-août 2023