Nouvelle édition du « Bouquins » Rivarol, Chamfort, Vauvenargues

Victime de son succès en dépit de plusieurs tirages déjà, le volume « Bouquins » des Oeuvres complètes d’Antoine de Rivarol, contenant également les Oeuvres majeures de Chamfort et de Vauvenargues, était épuisé. Il atteignait des prix extravagants sur le marché de l’occasion.

Une nouvelle édition paraît ces jours-ci.

Rivarol, Chamfort, Vauvenargues : « L’art de l’insolence », édition de Maxence Caron, préface de Chantal Delsol, collection Bouquins, 1536 pages.

Parution des Oeuvres complètes de Rivarol dans la collection « Bouquins », ainsi que des Oeuvres de Chamfort et de Vauvenargues

Oeuvres Completes de Rivarol, Couverture

Couverture : portrait de Rivarol

PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR (Voir aussi le site de la collection « Bouquins ») :

L’ART DE L’INSOLENCE : RIVAROL, CHAMFORT, VAUVENARGUES

Maxence CARON

Préface de
Chantal DELSOL, de l’Institut

En rendant disponibles pour la première fois les oeuvres complètes de Rivarol, ainsi que l’essentiel de l’oeuvre de Chamfort et de Vauvenargues, ce volume particulièrement riche nous fait redécouvrir le génie littéraire de trois écrivains qui ont en commun une parfaite liberté d’esprit alliée à un art consommé de la provocation et de l’insolence.

En rassemblant pour la première fois les oeuvres complètes de Rivarol ainsi que la majeure partie des textes de Chamfort et de Vauvenargues, ce volume permet de redécouvrir le génie littéraire de trois écrivains ayant en commun une parfaite liberté d’esprit alliée à un art consommé de l’insolence.
Auteur d’une oeuvre singulière entre toutes, penseur et prosateur d’exception, Rivarol (1753-1801), « le Français par excellence », selon Voltaire, fut le témoin de la fin d’un monde et le peintre implacable de la politique et de ses moeurs. Du Discours sur l’universalité de la langue française au très ironique Almanach de nos grands hommes, du Traité de la connaissance au Journal politique national et à ses Tableaux de la révolution, on trouvera ici ses ouvrages les plus provocateurs, ses canulars, ses pamphlets et ses recueils d’aphorismes comme ses traités philosophiques.
Au XVIIIe siècle, deux autres jeunes réfractaires, Vauvenargues (1715-1747) et Chamfort (1741-1794), portèrent l’art de l’insolence à son paroxysme. L’essentiel de leurs oeuvres – discours, poèmes, lettres, dialogues philosophiques –, devenues introuvables, est ici exhumé par Maxence Caron dans une édition qui les situe à leur juste place dans notre histoire littéraire et intellectuelle.
Cet ensemble inédit et sans équivalent révèle un autre siècle des Lumières, à rebours de tous les conformismes, illustré par trois auteurs qui combattirent les préjugés de leur époque et incarnèrent, selon la formule de Chantal Delsol, « la grâce de la langue française la plus pure ».

Philosophe, historienne des idées politiques, romancière, éditorialiste, Chantal Delsol est professeur de philosophie politique à l’université de Paris-Est et membre de l’Institut (Académie des sciences morales et politiques). Docteur Honoris Causa et professeur honoraire de plusieurs universités, elle dirige également au Collège des Bernardins l’Observatoire de la modernité.

Philosophe, poète, romancier, musicien, Maxence Caron est l’auteur d’une œuvre abondante réunie en un système des arts et de la pensée. Lauréat de l’Académie française, il fut éditeur au Cerf pendant dix ans ou il fonda et dirigea les « Cahiers d’histoire de la philosophie ». Éditeur pour la collection « Bouquins » depuis 2013, il y a dirigé le volume des Sermons de saint Augustin.

L’Art de l’insolence : Rivarol, Chamfort, Vauvenargues, 1.536 pages, collection Bouquins, Robert Laffont, 2016.

Parution début mars des Oeuvres complètes de Rivarol dans la collection « Bouquins »

Portrait de RivarolPortrait de Rivarol

Plus de deux-cents ans après la mort de leur auteur, les Oeuvres complètes d’Antoine de Rivarol paraissent pour la première fois.

Un essai d’édition en 1808, peu de temps après la disparition prématurée du jeune génie, aboutit au rassemblement désordonné de quelques titres, mais l’ensemble, jusqu’alors le seul, restait particulièrement incomplet et agglutinait maint apocryphe. Ce volume de la collection « Bouquins » restitue l’intégrité et l’intégralité des ouvrages et des pages de Rivarol.

Il contient également les œuvres de Chamfort et de Vauvenargues.

Voir L’Art de l’insolence : Rivarol, Chamfort, Vauvenargues, 1.536 pages, collection Bouquins, Robert Laffont, 2016.

Édition établie par Maxence Caron.
Préface de Chantal Delsol, de l’Institut.

« Le ‘Philippe Muray’ de Maxence Caron », lu par Chantal Delsol

L’ouvrage de Maxence Caron a le grand mérite de marier l’admiration et la critique lucide. Le problème de Philippe Muray est qu’il suscite tantôt des hagiographies et tantôt des injures, pour cette raison qu’il est un auteur excessif, et exprime son talent dans cet excès même. On attend précisément que ses interprètes tentent de démêler, non d’accentuer.

Chantal Delsol

Maxence Caron voit Muray comme un romancier. Romancier de lui-même, alors. Car finalement, dans le tableau désespéré que Muray tisse de notre époque, on en apprend davantage sur Muray que sur l’époque. L’œuvre est tout entière tissée d’indignation, et c’est cette colère qui nous intéresse, plus que son objet. D’abord parce qu’aucune entité, société, idée, n’a jamais été mise en cause sérieusement par la seule colère, qui est impuissante parce qu’instinctive et désarmée. Et puis parce que l’indignation, dont Muray se nourrit tout entier, n’est pas une nourriture. On n’en vit pas. On en pleure et on en crève. Il y a donc là un cas littéraire séduisant.

 Muray fait partie de ces gens qui entretiennent un mépris abyssal devant la crétinerie de leur époque. Il faut avoir pour cela une haute idée de soi-même. Ce dont il ne manque pas, et Maxence Caron pas davantage – lequel doit bien ressembler un peu à son personnage pour le comprendre. J’admire pour ma part ces esprits qui se prêtent un talent jupitérien. La confiance en soi rassure la capacité et d’une certaine manière la suscite. Sans assurance sur soi-même, on n’est jamais qu’un tâcheron. Toujours est-il que Muray, du haut de son empirée, détruit en jetant l’insolence et la morgue et surtout l’humour. Il fait rire, il manie le langage artistiquement, il décèle tous les ridicules qui nous agacent et il les brandit avec talent. On en a connu bien d’autres, de ces exterminateurs. Mais enfin il ne suffit pas de parler du dernier homme pour égaler Nietzsche ; ni de disséquer les lieux communs pour égaler Bloy ; ni de regretter toutes les naissances pour égaler Cioran. Encore une fois, Muray n’est pas un philosophe, mais un romancier de soi-même.

Le livre de Maxence Caron fait plus que disséquer l’humour et la colère. Il va s’accrocher pour ainsi dire au fond de la cuve de vinaigre. Les deux thèmes qu’il choisit, la femme et Dieu – en l’occurrence, ce n’est qu’un seul –, ne sont pas anecdotiques, ce ne sont pas des particularités de l’œuvre, même remarquables. Mais plutôt, son architecture, ou ce qui porte tout l’ensemble. Rien n’est plus judicieux que d’avoir centré ainsi l’œuvre de Muray sur ces deux concepts (car ce sont ici des concepts). Continuer à lire « « Le ‘Philippe Muray’ de Maxence Caron », lu par Chantal Delsol »