Les nuances de l’apocalypse
Sur mon bureau, un objet littéraire non identifié, intitulé roman, mais dont les liens avec la réalité politique la plus quotidienne de ce pays sont trop nombreux pour qu’on puisse hésiter à y voir plutôt ce que l’on appelait au temps de Juvénal une satyre, ce que Céline a appelé, lui, un pamphlet.
Cette Microcéphalopolis, l’air de rien, ressemble à une bagatelle avec ses 50 pages. Cinquante pages d’éructation féroce et de trouvailles verbales absolument inédites. Cinquante pages pour condamner un siècle. Sans appel. Maxence Caron, déjà lauréat de l’Académie française malgré son jeune âge – il est né en 1976 –, a cherché à convoquer tous les démons qui travaillent au corps une société devenue lascive et qui n’a pas besoin de trop se faire prier pour « jouer la morue » : « La terre de confusion mène son grouinant gibier de bordel à travers les diverses figures de la vautrerie », écrit Caron impavide devant le spectacle qu’il suggère. Pour lui, ceux qu’il appelle « les racialistes cendreux », « qui érigent leur passéiste passion multiface en légitimité suprême, ne font pas exception. Cette réaction « feint d’accrocher à quelque chose sublime tandis qu’elle reconduit la faillite sur un autre ton ». Elle cultive « la même sanie individualiste ». Continuer à lire « Microcéphalopolis : Les nuances de l’apocalypse, par Guillaume de Tanoüarn »