Un poème de Maxence Caron dans « La Cinquième Saison »

La jeune revue suisse La Cinquième Saison publie un extrait du Psaume antéréaliste de Maxence Caron. L’excellente revue littéraire romande publie également un texte capital de Jean-François Marquet sur Victor Hugo.

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Décès de Jean-François Marquet

Jean-François Marquet est mort à Tours le 19 mars 2017.

Son dernier livre, Chapitres, est paru il y a cinq semaines aux Belles Lettres. L’avant-propos s’achevait par ses mots, les derniers qu’écrivit l’auteur :

« Avant de quitter cet ouvrage, le dernier, sans doute, que nous proposerons au public, nous voudrions aussi remercier les lecteurs et les auditeurs qui, depuis plus d’un demi-siècle, ont bien voulu nous conserver leur attention et dont certains sont devenus des amis. Peut-être auront-ils remarqué, à travers tous ces textes, une orientation, d’abord tâtonnante, puis de plus en plus consciente vers une étoile unique que nous appelons Singularité. A défaut d’autre mérite, cette aimantation donne à notre humble vie un axe et une certaine cohérence. Et nunc dimittis servum tuum, Domine. »

« Nous vivons avec ce qu’ont pensé et avec ce qu’ont senti les morts, mais ce qu’ils ont été singulièrement, cela demeure absolument dérobé. »

J.-F. Marquet

Parution de « Chapitres », un grand ouvrage de Jean-François Marquet

« Avant de quitter cet ouvrage, le dernier, sans doute, que nous proposerons au public, nous voudrions aussi remercier les lecteurs et les auditeurs qui, depuis plus d’un demi-siècle, ont bien voulu nous conserver leur attention et dont certains sont devenus des amis. Peut-être auront-ils remarqué, à travers tous ces textes, une orientation, d’abord tâtonnante, puis de plus en plus consciente vers une étoile unique que nous appelons Singularité. A défaut d’autre mérite, cette aimantation donne à notre humble vie un axe et une certaine cohérence. Et nunc dimittis servum tuum, Domine. »

Jean-François Marquet

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Chapitres, Belles Lettres, 472 p.

« Jean-François Marquet est l’auteur d’une œuvre inclassable, aussi érudite qu’élégante, aussi puissante qu’inexplicablement claire, dont le propos aristocratique et rare fait résonner, à l’époque même des spécialistes exorables et patauds, le timbre d’une voix d’exception. Chapitres est le dernier livre et le testament d’un pèlerinage pensant commencé il y a près de soixante ans. En l’origine latine de son étymologie le « chapitre », qui se dit capitulum, désigne la tête, et plus précisément l’homme de tête ou l’individualité, autrement dit la singularité, thème majeur de la pensée de Marquet, mais le capitulum, et cette signification est ici indissociable de la précédente, dit également le chapiteau dans la langue des architectes, et le capitulum désigne la tête ornée sur quoi repose la partie supérieure de l’édifice. Dans les trente-deux chapitres que réunit le somptueux jeu d’écho dont est constituée l’architecture de ce livre, Jean-François Marquet récapitule ainsi en un ultime ouvrage les singularités capitulaires dont les figures accompagnèrent sa méditation ininterrompue: de Pascal à Schelling, de Schopenhauer à Heidegger, de Dante à Bergson, de la thématique trinitaire à celle de la fin de la philosophie, ces récapitulations soutiennent au-dessus d’elles-mêmes le dôme d’une Histoire posée sur le pensif chapiteau des siècles.

Le caractère imperturbable et souverain du regard et de la pensée de Jean-François Marquet, la limpidité de son langage cependant au constant contact de l’exigence verbale des réalités les plus fondamentales, font de chacune de ses pages un chemin vers l’essentiel dans la grâce des phrases les plus pures et des références les plus heureuses – où l’on voit la complexité d’une phrase de Hegel soudainement éclairée par un alexandrin de Verlaine. L’œuvre de Jean-François Marquet cultive la singularité: décalage et paradoxe, elle se détache par nature de l’institution au milieu de laquelle elle est née ainsi que de tous ces codes dont ne cesse de se jouer la sereine marginalité d’un auteur inclassable. Refusant la stérilité des morcelantes cloisons entre la littérature, la théosophie, l’art et la philosophie, il a créé une lumière dont la teneur permet un éclairage ouvrant l’histoire en chacune, singulière, de ses hautes figures. C’est en effet la rougeoyante lumière du couchant, cette lueur testamentaire que comporte encore le jour, qui éclaire le plus vivement un paysage: et c’est ainsi la lumière du crépuscule qui éclaire chacun de ces Chapitres dont ici se tisse un destin qui fut le nôtre. »

Maxence Caron

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Table des matières

I. SCHELLING ET LES MÉTAMORPHOSES DE L’HISTOIRE
II. FRIEDRICH WILHELM JOSEPH VON SCHELLING
III. CORPS ET SUBJECTIVITÉ CHEZ CLAUDE BRUAIRE
IV. PASCAL ET LEQUIER OU L’ENJEU DES JEUX DE DIEU
V. RAVAISSON ET LES DEUX PÔLES DE L’IDENTITÉ
VI. LA MORALE DE LA MÉTAPHYSIQUE
VII. LA PHILOSOPHIE DE SCHELLING
VIII. GILBERT SIMONDON ET LA PENSÉE DE L’INDIVIDUATION
IX. SUBJECTIVITÉ ET ABSOLU DANS LES PREMIERS ÉCRITS DE SCHELLING (1794-1801)
X. MAINE DE BIRAN ET SES CONVERSIONS
XI. SCHELLING. DU PROCESSUS NATUREL AU PROCESSUS MYTHOLOGIQUE
XII. L’INDIVIDU CHEZ NIETZSCHE : DÉCADENCE ET RÉCAPITULATION
XIII. DANTE DANS L’IDÉALISME ALLEMAND
XIV. SCHELLING ET LE DÉNOUEMENT DE LA PHILOSOPHIE
XV. DURÉE BERGSONIENNE ET TEMPORALITÉ
XVI. HENRY CORBIN ET LA « SCIENCE DE L’UNIQUE »
XVII. « UNE ÉTRANGE SORTE D’HUMANISME » (HEIDEGGER)
XVIII. LES FIGURES DU CONFLIT DANS LA PHÉNOMÉNOLOGIE DE L’ESPRIT DE HEGEL
XIX. QUINZE REGARDS SUR LA MÉTAPHYSIQUE DANS LE DESTIN DE L’HISTOIRE DE L’ÊTRE
XX. L’ÊTRE ET LE DIEU. NOTES SUR QUELQUES POINTS DE LA SEYNSGESCHICHTE DE HEIDEGGER
XXI. ABSOLU ET SAVOIR DE L’ABSOLU DANS LA DERNIÈRE PHILOSOPHIE DE FICHTE
XXII. SCHOPENHAUER ET LE PRINCIPE DE RAISON
XXIII. BERGSON, L’AXE ET LE CERCLE
XXIV. HEGEL ET LE SYLLOGISME DE L’HISTOIRE
XXV. LE MYSTÈRE DE LA TRINITÉ DANS L’IDÉALISME ALLEMAND
XXVI. LIBERTÉ ET COMMENCEMENT
XXVII. KANT ET L’OBJET DE LA MÉTAPHYSIQUE AVANT LA CRITIQUE DE LA RAISON PURE
XXVIII. LA MÉTAPHYSIQUE AU SINGULIER
XXIX. SCHELLING EN 1809 : LA FREIHEITSSCHRIFT ET L’INFLUENCE DE FRANZ VON BAADER
XXX. L’ARTICULATION DES PERSONNES DANS LA PENSÉE DE FRANZ ROSENZWEIG
XXXI. BERGSON ET LA MORALE DU « BON SENS »
XXXII. Y A-T-IL UN FIL DIRECTEUR DE L’HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE MODERNE ?