Les derniers jours et les premiers

Evangile de saint Luc (XXI, 34)

 

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
« Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste 
comme un filet ; il s’abattra, en effet, sur tous les habitants de la terre entière.
Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. » 

 web-rembrandt-ascension-details-3-domaine-public

Lire le Livre, et commencer à commencer

Lectures de la Messe du dimanche 2 août 2020

 

1e lecture : Livre d’Isaïe 55, 1-3.

Ainsi parle le Seigneur : Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et manger, venez acheter du vin et du lait sans argent, sans rien payer.

Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez-moi bien, et vous mangerez de bonnes choses, vous vous régalerez de viandes savoureuses !

Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Écoutez, et vous vivrez. Je m’engagerai envers vous par une alliance éternelle : ce sont les bienfaits garantis à David.

 

isaiah-michelangelo
(Isaïe par Michel-Ange)

 

Psaume 144, 8-9.15-16.17-18.

Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
la bonté du Seigneur est pour tous,
sa tendresse, pour toutes ses œuvres.

Les yeux sur toi, tous, ils espèrent :
tu leur donnes la nourriture au temps voulu ;
tu ouvres ta main :
tu rassasies avec bonté tout ce qui vit.

Le Seigneur est juste en toutes ses voies,
fidèle en tout ce qu’il fait.
Il est proche de ceux qui l’invoquent,
de tous ceux qui l’invoquent en vérité.

 

saint-paul-le-greco
(Saint Paul par le Greco)

 

2e lecture : Lettre de saint Paul aux Romains  8,35.37-39.

Alors : qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? La détresse ? L’angoisse ? La persécution ? La faim ? Le dénuement ? Le danger ? Le glaive ?

Mais, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés.

J’en ai la certitude : ni la mort, ni aucun événement de la vie, ni les anges, ni les Principautés célestes, ni le présent, ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur.

 

the_inspiration_of_saint_matthew-caravaggio_1602
(Saint Matthieu par le Caravage)

 

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 14,13-21.

En ce temps-là, quand Jésus apprit la mort de Jean le Baptiste, il se retira et partit en barque pour un endroit désert, à l’écart. Les foules l’apprirent et, quittant leurs villes, elles suivirent à pied.
En débarquant, il vit une grande foule de gens ; il fut saisi de compassion envers eux et guérit leurs malades.
Le soir venu, les disciples s’approchèrent et lui dirent : « L’endroit est désert et l’heure est déjà avancée. Renvoie donc la foule : qu’ils aillent dans les villages s’acheter de la nourriture ! »
Mais Jésus leur dit : « Ils n’ont pas besoin de s’en aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger. »
Alors ils lui disent : « Nous n’avons là que cinq pains et deux poissons. »
Jésus dit : « Apportez-les-moi. »
Puis, ordonnant à la foule de s’asseoir sur l’herbe, il prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction ; il rompit les pains, il les donna aux disciples, et les disciples les donnèrent à la foule.
Ils mangèrent tous et ils furent rassasiés. On ramassa les morceaux qui restaient : cela faisait douze paniers pleins.
Ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille, sans compter les femmes et les enfants.

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris

 

Méditation du jour

Saint Athanase (295-373), évêque d’Alexandrie, docteur de l’Église

24ème lettre festale pour Pâques

« Un endroit désert, à l’écart »

Chacun des saints a dû fuir « la voie large et spacieuse » (Mt 7,13), pour demeurer seul, à part, et là, vivre dans la vertu : Élie, Élisée (…), Jacob (…). Le désert et l’abandon des tumultes de la vie procurent à l’homme l’amitié de Dieu ; ainsi Abraham, quand il est sorti du pays des Chaldéens, a été appelé « ami de Dieu » (Jc 2,23). Le grand Moïse aussi, lors de son départ du pays d’Égypte (…) a parlé avec Dieu face à face, a été sauvé des mains de ses ennemis et a traversé le désert. Tous ceux-là sont l’image de la sortie des ténèbres vers la lumière admirable, et de la montée vers la ville qui est au ciel (He 11,16), la préfiguration du vrai bonheur et de la fête éternelle.

Quant à nous, nous avons auprès de nous la réalité que des ombres et des symboles annonçaient, je veux dire l’image du Père, notre Seigneur Jésus Christ (Col 2,17; 1,15). Si nous le recevons comme nourriture en tout temps, et si nous marquons de son sang les portes de nos âmes, nous serons libérés des travaux de Pharaon et de ses inspecteurs (Ex 12,7; 5,6s). (…) Maintenant nous avons trouvé le chemin pour passer de la terre au ciel (…). Autrefois, par l’intermédiaire de Moïse, le Seigneur précédait les fils d’Israël dans une colonne de feu et de nuée ; maintenant, il nous appelle lui-même en disant : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive ; de celui qui croit en moi, sortiront des fleuves d’eau vive jaillissant jusqu’à la vie éternelle » (Jn 7,37s).

Que chacun se prépare donc avec un ardent désir à se rendre à cette fête ; qu’il écoute le Sauveur l’appeler, car c’est lui qui nous console tous et chacun en particulier. Que celui qui a faim vienne à lui : il est le vrai pain (Jn 6,32). Que celui qui a soif vienne à lui : il est la source d’eau vive (Jn 4,10). Que le malade vienne à lui : il est le Verbe, la Parole de Dieu, qui guérit les malades. Si quelqu’un est accablé par les fardeaux du péché et s’en repent, qu’il se réfugie à ses pieds : il est le repos et le port du salut. Que le pécheur ait confiance, car il a dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos » (Mt 11,28).

La Vérité parle des épidémies et du Salut

charles-le-brun-jeremie-pleurant-sur-les-ruines-de-jerusalem

 

De l’Évangile selon saint Luc, chapitre XXI, versets 6-11, 17-18, 20-36 :

« Des jours viendront, dit le Christ, où, de tout ce que vous regardez-là, il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée. » Alors ils lui demandèrent : « Maître, quand ces choses arriveront-elles, et à quel signe connaîtra-t-on qu’elles sont près de s’accomplir? »
Jésus répondit : « Prenez garde qu’on ne vous séduise ; car plusieurs viendront sous mon nom, disant : ‘Je suis le Christ, et le temps est proche’. Ne les suivez donc point. Et quand vous entendrez parler de guerres et de séditions, ne soyez pas effrayés ; il faut que ces choses arrivent d’abord ; mais la fin ne viendra pas aussi tôt. » Il leur dit alors : « Une nation s’élèvera contre une nation, et un royaume contre un royaume. Il y aura de grands tremblements de terre, il y aura des épidémies et des famines en divers lieux, et dans le ciel des apparitions et des signes extraordinaires.

Vous serez en haine à tous à cause de mon nom. Cependant pas un cheveu de votre tête ne se perdra ; c’est par votre persévérance que vous sauverez vos vies.

Lorsque vous verrez des armées investir Jérusalem, sachez alors que sa désolation est proche. Alors, que ceux qui seront dans la ville en sortent, et que ceux qui seront dans les campagnes n’entrent pas dans la ville. Car ce seront des jours de châtiment, pour l’accomplissement de tout ce qui est écrit. Malheur aux femmes qui seront enceintes ou qui allaiteront en ces jours-là, car la détresse sera grande sur la terre, grande la colère contre ce peuple. Ils tomberont sous le tranchant du glaive ; ils seront emmenés captifs parmi toutes les nations, et Jérusalem sera foulée aux pieds par les Gentils, jusqu’à ce que les temps des Gentils soient accomplis.
Et il y aura des signes dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles, et, sur la terre ; les nations seront dans l’angoisse et la consternation au bruit de la mer et des flots, les hommes séchant de frayeur dans l’attente de ce qui doit arriver à la terre entière ; car les puissances des cieux se soulèveront. Alors on verra le Fils de l’homme venant dans une nuée avec une grande puissance et une grande gloire.
Quand ces choses commenceront à arriver, redressez-vous et relevez la tête, parce que votre transfiguration approche. »
Et il leur dit cette comparaison : « Voyez le figuier et tous les arbres : dès qu’ils se sont mis à pousser, vous savez de vous-mêmes, en les voyant, que l’été est proche. De même, quand vous verrez ces choses arriver, sachez que le royaume de Dieu est proche. Je vous le dis, en vérité, l’humanité ne passera point, que tout ne soit accompli.
Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas.
Prenez garde à vous-mêmes, de peur que vos cœurs ne s’appesantissent par l’excès du manger et du boire, et par les soucis de l’existence, et que ce jour ne fonde sur vous à l’improviste : car il viendra comme un filet sur tous ceux qui habitent la face de la terre.
Veillez donc et priez sans cesse, afin que vous soyez trouvés dignes d’échapper à tous ces maux qui doivent arriver, et de paraître debout devant le Fils de l’homme. »
Verbum Domini

Sermon du R. P. Renaud Silly o.p. Pour le 1er dimanche de l’Avent

image

Saint Dominique, par Le Greco

6 décembre 2015 — Couvent des dominicains de Toulouse

« Préparez les chemins du Seigneur ! » — Lorsque l’empereur d’Allemagne s’est rendu en visite officielle en Terre sainte (1898), on a pris soin de faire la route. Sans cela sa voiture risquait de verser sur le chemin. L’armée de Vespasien envahissant la Palestine était précédée quant à elle d’une « infanterie légère qui repoussait les embuscades de l’ennemi » et préparait le passage à l’infanterie lourdement armée, avec des pionniers pour « redresser les sinuosités de la route, niveler les aspérités, abattre les arbres qui font obstacle, afin d’épargner à l’armée les fatigues d’un parcours difficile ». La configuration de la Palestine, caillouteuse, escarpée, traversée de profonds ravins que l’on ne franchit qu’avec les plus grandes peines, exclut l’allégorie et la rend inutile. La métaphore, soupçonnée d’être une construction artificielle de l’esprit, cède la place à la prophétie. S’il faut préparer la route au Seigneur, c’est au sens propre, parce qu’il va marcher sur la terre. Ce que l’esprit libre et raffiné nous avait enseigné n’être qu’un langage imagé se révèle vrai au pied de la lettre : en Jésus-Christ, son Verbe incarné, Dieu a des mains et des pieds. S’il descendait comme un pur esprit, les aménagements de la route n’auraient pas lieu d’être. S’il venait tout seul, il n’aurait pas besoin qu’on lui facilite la marche. Élargir les virages, combler les pentes n’a de sens que si le Seigneur vient à la rencontre d’un cortège nombreux. Ainsi Jean-Baptiste a attiré des foules dans le désert. Et «?toute la Judée et tout Jérusalem?» venaient se faire baptiser par lui. Il en va ainsi chaque fois que paraît l’homme de Dieu, comme avec le curé d’Ars ou Padre Pio. La vitesse de cet athlète du Salut justifie aussi de tracer des routes droites et planes : le Christ n’avait pas de temps à perdre ! Il est un jour auprès de la Samaritaine, le lendemain avec Zachée, ensuite il appelle Matthieu le publicain, sans s’arrêter dans sa marche. Il mène sa vie « à tombeau ouvert ». Pas de règne du Messie d’ailleurs sans transformation du monde. À l’inverse des sages de la Grèce qui mettaient la perfection dans la contemplation pure des essences séparées, les plus grands docteurs d’Israël ont tous pratiqué un métier manuel. C’est qu’ils croyaient à l’invisible, mais exigeaient qu’il devienne visible et prouve sa force. D’accord pour les intuitions sublimes, mais le critère de leur vérité c’est qu’elles conduisent à l’action réelle. Et pour que l’ingénierie qui transforme le monde en Temple de Dieu ne devienne pas un asservissement, elle implique une morale. Ainsi l’Évangile du Baptiste sera inséparablement prophétique et moral. C’est la condition pour être vraiment kasher.

Avec le Baptiste, on peut avoir le sentiment que l’histoire s’accélère, qu’elle s’apprête à se précipiter toute nue dans l’Évangile. Mais c’est plutôt l’inverse. Jean-Baptiste porte la tradition de son peuple à un point d’arrêt. Il l’entraîne dans une impasse. Les sacrifices du Temple sont incapables de purifier du péché, et cela non à cause de la corruption des prêtres mais parce que vous le peuple avez pris la figure pour la réalité. La colère qui vient peut prendre la forme du fanatisme des zélotes, de l’ambition pachydermique de la Rome païenne ou de la guerre sainte islamique — toutes les concrétions sécrétées par l’esprit de divertissement pour s’en prémunir seront inutiles : restauration illusoire du royaume de David, pax romana ou laïcité gratuite et obligatoire. Ces échappatoires se condamnent à n’apporter que la fausse paix. Comme la démangeaison le fait du prurit, elles tranquillisent les sens pour un temps, sans conférer la paix de l’âme. Ces idéologies ne sont pas des remèdes : au mieux des anti-douleurs.

Jean-Baptiste nous montre le moment où une tradition vénérable se recueille en elle-même, s’interrompt, réfléchit, s’évalue, lève le nez du guidon, se regarde à la lumière de la prophétie, à la lumière de sa propre effectivité. C’est le moment où cette tradition se découvre une voix qui crie dans le désert ; alors qu’elle ne trouve autour d’elle qu’un silence de mort, assourdissant, mal couvert par le bruit diffus de la télévision, des talk-shows, de la radio. Ouvrez vos postes : il n’y a plus rien d’audible, rien qu’un ululement sourd, sans parole, sans écho, un cri strident et continu qui se perd dans le vide. On peut bien demander à multiplier les fêtes, les concerts, à fréquenter dit-on les terrasses des cafés en signe de résistance. En augmentant le volume sonore, on n’aura pas plus de musique et encore moins de voix. Pour cela, il faut en effet qu’il y ait quelqu’un qui parle.

Jean-Baptiste a été l’ami avant l’Époux, la lampe avant l’Aurore, la voix avant le Verbe. Dans le Verbe, la voix se réverbère en son et en lumière. Mais pour entendre cette symphonie que le Christ joue avec tous les saints, il est impératif de retrouver la voix, la pureté de la monodie, de revenir de cet énorme enrouement qui est de ne pas donner aux choses leur nom, car « mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ».

Jean-Baptiste a préparé les chemin du Seigneur, car il nous a fait retrouver la voix ; il s’est recueilli devant Dieu et il a rassemblé son souffle. Et sa longue intimité avec le Seigneur a chassé son asphyxie spirituelle. Jean-Baptiste lui nous dit que le salut ne viendra pas d’un nouveau royaume de David ou d’une plus grande solennité des rites du Temple. Mais d’un baptême de repentir pour la rémission des péchés. Comment, Jean-Baptiste ? Est-ce ainsi que tu as rendu la voix à la louange, à la supplication, à l’intercession ? Est-ce ainsi que tu as mis fin à la grande aphonie ? Oui, ton baptême a desserré la poitrine opprimée de ceux qui savent que l’unique malheur du monde, c’est l’endurcissement du cœur. Il est un seul malheur, que tu nous rappelles en ce jour : c’est de n’être pas des saints. C’est de discerner cette loi dans mes membres qui conspire contre Dieu et m’enchaîne à la loi du péché (Rm 7, 23). Je puis certes me jeter à corps perdu dans la conjuration des bonnes volontés, je rencontre cette limite à laquelle se heurte mon âme comme un papillon en cage : sans le pardon du Seigneur, je suis prisonnier de mes appétits, de mes rancunes, de la violence de mon désir, de la mesquinerie de mes ambitions. Sois béni, Jean-Baptiste ; tu vois venir ce jour, et il est tout proche, où l’Esprit du Seigneur insuffle dans tes poumons opprimés sa loi de liberté, de pardon et d’amour. Cette haleine de vie, tu la rends en une voix vibrante dont frémit ta tunique de poils de chameau. Il n’y a pas d’alternative. « Le Christ est l’unique médiateur, l’unique sauveur de tous. Aucun autre Dieu n’est à attendre, nul autre ne sauve du péché pour conduire à la grâce. La croix est un symbole appelé à devenir universel, et l’Église à sa suite. »

La mission de Jean-Baptiste est le démenti le plus flagrant à l’illusion que le monde pourrait se sauver par la culture homogène de ses propres succès. Et surtout parce qu’il les dépasse par le haut. Il devine les immenses épreuves de l’avenir, mais il espère la venue du Messie, certaine comme l’aurore ; alors que le monde qui n’espère rien fuit toute forme d’épreuve. Jean-Baptiste nous montre comment la pénitence procède du désir de la rencontre de Dieu, comment le jeûne accroît la faim des biens spirituels, comment le pardon reçu et donné est une cause de joie, un tressaillement d’allégresse qui a déjà la saveur de l’éternité. Il a vécu l’espérance avec une telle intensité, qu’elle brouillait la ligne séparant l’attente du rassasiement.

Nous aussi, frères et sœurs, nous devons rencontrer Jean-Baptiste. Le papillon se brûle les ailes à la flamme. Avant d’être admis devant le Seigneur, nous avons besoin de ce discernement surnaturel sur nous-mêmes, sur les ressorts du péché en nous, de ce recueillement qui prélude à l’accueil.

Fr. Renaud Silly o.p.

Site internet des dominicains de Toulouse