A lire : « Céline seul », de Stéphane Zagdanski

« J’ai désiré en finir une bonne fois avec la bêtise qui englue la question Céline. Bêtise des anticéliniens et bêtise des céliniens, cécité de Sartre et bêtise rebattue de Rebatet, bêtise maximale des antisémites et bêtise râleuse des moralisateurs… On a beaucoup écrit sur l’épineux cas Céline, de très bonnes choses parfois – rarement, qu’on se rassure -, mais il semble que nul n’ait traité la question en adoptant une position fondamentalement littéraire (ni historique, ni universitaire, ni psychanalytique, ni éthique, ni critique), en laissant autrement dit le texte de Céline penser la position spiralée de Céline. Prenant le parti de laisser le génie de Céline éclairer son propre parcours, j’ai découvert que du Voyage jusqu’à Rigodon, en passant par les pamphlets, Céline a su et a dit quel était son rapport à la question juive. Non point contre, mais face à face. Face à la Bible, et surtout face à Proust. Lecteur, la guerre est déclarée, il faut choisir ton camp. Non pas : Céline ou les juifs, mais : Céline, les juifs et la littérature, ou bien le reste du monde. »

Stéphane Zagdanski

Louis-Ferdinand chante Céline : « Règlement » et « A noeud coulant », deux chansons de Céline

A nœud coulant

Règlement

Texte des deux chansons, d’après Disque Pacific LDPF 199 Artistique, reproduit par le « Cahier de L’Herne » consacré à Céline :

A NŒUD COULANT

I

Vive Katinka la putain

Celle qui n’aime que le matin

A l’aube grise !

Crève le grain

Ni mon cœur fidèle ni les roses

Refrain

Youp ! Profondis !

Yop ! Te Deum !

A la grande vague le petit homme !

Chacun goéland dans sa mâture !

A nœud coulant !

Brave figure !

II

Quand Katinka sera bossue

Nous irons voir aux citadelles

A force de prêter son cul

La cloche trois fois gros comme elle

III

Celle qu’on branle chaque matin

Pour fair’ lever tous les putains

Grosse bataille petit butin

Depuis l’Irlande aux Dardanelles !

Dernier Refrain

Youp ! Profondis !

Yop ! Te Deum !

A la grande vague petit homme !

Chacun goéland dans sa mâture !

A nœud coulant !

Pâle figure !

——–

RÈGLEMENT

I

Je te trouverai charogne !

Un vilain soir !

Je te ferai dans les mires !

Deux grands trous noirs !

Ton âme de vache dans la trans’pe

Prendra du champ !

Tu verras voir comment que l’on danse !

Au grand cimetière des Bons Enfants !

Refrain

Mais voici tante Hortense [1]

Et son petit Léo !

Voici Clémentine

Et le vaillant Toto !

Faut-il dire à ces potes

Que la fête est finie ?

Au diable ta sorte ?

Carre ! Dauffe ! M’importe,

O malfrat ! tes crosses

Que le vent t’emporte !

Feuilles mortes et soucis !

II

Depuis des mayes que tu râles

Que t’es cocu !

Que je suis ton voyou responsable

Que t’en peux plus !

Va pas louper l’occase unique

De respirer !

Viens voir avec moi si ça te pique

Aux grandes osselettes de Saint-Mandé, (bis)

III

C’est pas des nouvelles que t’en croques

Que t’es pourri !

Que les bonnes manies te suffoquent

Par ta Mélie !

C’est comme ça qu’est tombé Mimile

Dans le grand panier !

Tu vas voir ce joli coup de fil

Que j’vais t’ourdir dans l’araignée !

IV

Mais la question qui me tracasse

En te regardant !

Est-ce que tu seras plus dégueulasse

Mort que vivant !

Si tu vas repousser la vermine

Plus d’enterrement !

Si tu restes en rade sur la quille

J’aurai des crosses avec Mimile

Au trou cimetière des Bons Enfants !

[1] Le texte mentionne « tante Estreme »