Le désir de Dieu

Saint Pierre, par Pompeo Batoni

« Le désir de Dieu est inscrit dans le cœur de l’homme, car l’homme est créé par Dieu et pour Dieu ; Dieu ne cesse d’attirer l’homme vers lui, et ce n’est qu’en Dieu que l’homme trouvera la vérité et le bonheur qu’il ne cesse de chercher (…). De multiples manières, dans leur histoire, et jusqu’à aujourd’hui, les hommes ont donné expression à leur quête de Dieu par leur croyances et leurs comportements religieux (prières, sacrifices, cultes, méditations, etc.). Malgré les ambiguïtés qu’elles peuvent comporter, ces formes d’expression sont si universelles que l’on peut appeler l’homme un être religieux.

Mais ce « rapport intime et vital qui unit l’homme à Dieu » peut être oublié, méconnu et même rejeté explicitement par l’homme. De telles attitudes peuvent avoir des origines très diverses : la révolte contre le mal dans le monde, l’ignorance ou l’indifférence religieuses, les soucis du monde et des richesses (Mt 13,22), le mauvais exemple des croyants, les courants de pensée hostiles à la religion, et finalement cette attitude de l’homme pécheur qui, de peur, se cache devant Dieu (Gn 3,8s) et fuit devant son appel (Jon 1,3).

« Joie pour les cœurs qui cherchent Dieu » (Ps 104,3). Si l’homme peut oublier ou refuser Dieu, Dieu, lui, ne cesse d’appeler tout homme à le chercher pour qu’il vive et trouve le bonheur. Mais cette quête exige de l’homme tout l’effort de son intelligence, la rectitude de sa volonté, « un cœur droit » (Ps 96,11), et aussi le témoignage des autres qui lui apprennent à chercher Dieu. »

Catéchisme de l’Eglise catholique, §27 sq.

François et la Pauvreté

« Salut, reine Sagesse, que le Seigneur te garde,

avec ta sœur, sainte et pure Simplicité.

Dame sainte Pauvreté, que le Seigneur te garde,

avec ta sœur, sainte Humilité.

Dame sainte Charité, que le Seigneur te garde,

avec ta sœur, sainte Obéissance.

Vous toutes, saintes Vertus, que le Seigneur vous garde,

Lui de qui vous procédez et venez. »

Saint François d’Assise, Salutation des vertus

François le Jeudi Saint

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (chap. 13, versets 1 à 15)

Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout.
Au cours du repas, alors que le diable a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote, l’intention de le livrer,
Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu,
se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ;
puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture.
Il arrive donc à Simon-Pierre, qui lui dit : « C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? »
Jésus lui répondit : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. »
Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. »
Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! »
Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, mais non pas tous. »
Il savait bien qui allait le livrer ; et c’est pourquoi il disait : « Vous n’êtes pas tous purs. »
Quand il leur eut lavé les pieds, il reprit son vêtement, se remit à table et leur dit : « Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ?
Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis.
Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres.
C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous.

François et le lavement des pieds

 

 

Bossuet : « Abrégé de l’Apocalypse »

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ABRÉGÉ DE L’APOCALYPSE.

I. — Pourquoi cet abrégé : l’Apocalypse est une espèce d’histoire de l’Eglise, divisée en trois temps.

Comme nous nous sommes arrêtés à chaque partie de l’Apocalypse, ou pour prendre de temps en temps quelque repos dans cette espèce de voyage, ou plutôt pour considérer, à mesure que nous avancions, le progrès que nous avions fait, il faut encore nous arrêter à la fm de toute la course, puisque c’est après avoir vu tout ce divin Livre que nous pouvons nous en former une idée plus juste par une pleine compréhension de tout l’ouvrage de Dieu qui nous y est représenté.

En voici donc l’abrégé. Jésus-Christ paraît : les églises sont averties : c’est Jésus lui-même qui leur parle par saint Jean pour leur apprendre leur devoir, et en même temps son Saint-Esprit leur fait des promesses magnifiques. Jésus-Christ appelle saint Jean pour lui découvrir les secrets de l’avenir, et ce qui devait arriver à son Eglise, depuis le temps où il lui parlait jusqu’à la fin des siècles et à l’entier accomplissement de tout le dessein de Dieu (Apoc., I, II, III). Il y a trois temps de l’Eglise bien marqués : celui de son commencement et de ses premières souffrances, celui de son règne sur la terre , celui de sa dernière tentation (Chap. IV, jusqu’au XX), lorsque Satan déchaîné pour la dernière fois, fera un dernier effort pour la détruire (Chap. XX); ce qui est suivi aussitôt par la résurrection générale et le jugement dernier (Chap. XX, II, 12). Après quoi il ne reste plus qu’à nous faire voir l’Eglise toute belle et toute parfaite dans le recueillement de tous les Saints et le parfait assemblage de tout le corps dont Jésus-Christ est le chef (Chap. XXI, XXII).

II.— Premier temps. Les commencements de l’Eglise. Deux ennemis abattus au milieu de ses souffrances, les Juifs et les gentils : ces deux ennemis marqués très-distinctement par saint Jean.

Dans le premier temps, qui est celui du commencement de l’Eglise et de ses premières souffrances, toute faible qu’elle paraît dans une si longue et si cruelle oppression , saint Jean nous en découvre la puissance en ce que tous ses ennemis sont abattus, c’est-à-dire les Juifs et les gentils : les Juifs au commencement, et les gentils dans la suite de cette prédiction jusqu’au chapitre XX (Chap. VII, VIII ; chap. IX, 14, jusqu’au chapitre XX).

Ces deux ennemis sont marqués très-distinctement par saint Jean : les Juifs, lorsqu’il nous fait voir le salut des douze mille de chaque tribu d’Israël, pour l’amour desquels on épargnait tout le reste de la nation; d’où vient aussi qu’en tous ces endroits il n’est nulle mention d’idoles, parce que les Juifs n’en connaissaient pas et ne péchaient en aucune sorte de ce côté-là; et les gentils aussitôt après, à l’endroit où il fait venir avec des armées immenses les rois d’Orient et les peuples d’au-delà de l’Euphrate (Chap. IX, 14 et suiv), qui est aussi celui où pour la première fois il est parlé « d’idoles d’or et d’argent (Chap. IX, 20, 21), » et où les gentils sont repris, parmi les plaies que Dieu leur envoie, de ne s’être pas corrigés d’adorer les œuvres de leurs mains et les démons, non plus que des autres crimes que le Saint-Esprit nous représente partout comme des suites inséparables de l’idolâtrie (Rom., I, 21, etc.).

Voilà donc les deux sortes d’ennemis dont l’Eglise avait encore à souffrir, bien distinctement marqués. Les Juifs, qui ne cessaient par leurs calomnies d’irriter les persécuteurs, comme saint Jean l’avait remarqué dès le commencement de son Livre , lorsqu’il écrivait aux Eglises (Apoc., II, 9), et les gentils ou les Romains, qui, ne songeant, qu’à accabler l’Eglise naissante, allaient plus que jamais l’opprimer « par toute la terre (Apoc., III, 10) » qui était soumise à son empire, comme le même saint Jean l’avait dit aussi au même endroit.

III.  — Les sauterelles, ou les hérésies entre ce qui regarde les Juifs et ce qui regarde des gentils.

Entre ces deux ennemis, incontinent après les Juifs et avant que d’avoir nommé les gentils et les idoles, nous trouvons dans les sauterelles mystiques (Chap. IX, depuis le vers. 1 jusqu’au vers. 14) une autre sorte d’ennemis d’une espèce particulière, où nous avons entendu les hérésiarques placés à la suite des Juifs dont ils ont imité les erreurs, et devant les gentils qu’à la vérité ils ne semblaient pas attaquer directement, comme devaient faire ces rois d’Orient qu’on voit paraître au même chapitre , mais qui ne laissaient pas de leur nuire beaucoup en obscurcissant le soleil, c’est-à-dire avec la gloire de Jésus-Christ, les lumières de son Evangile et de son Eglise ; par où s’augmentait l’endurcissement des gentils, qui, selon que l’a remarqué saint Clément d’Alexandrie, disaient en parlant des chrétiens : « Il ne faut pas les en croire, puisqu’ils s’accordent si mal entre eux, et qu’ils sont partagés entant d’hérésies; ce qui retarde, » poursuit ce grand homme, « les progrès de la vérité, à cause des dogmes contraires que les uns produisent à l’envi des autres (Strom., lib. VII). »

IV. — Saint Jean passe aux violences et aux punitions de l’empire persécuteur : les Perses montrés comme ceux d’où devait venir le premier coup.

Il était bon une fois de faire voir que l’Eglise triomphoit de cet obstacle, comme de tous les autres. Saint Jean après l’avoir fait d’une manière aussi vive que courte et tranchante, s’attache ensuite à représenter les persécutions romaines comme l’objet dont les hommes étaient le plus frappés, pour faire éclater davantage la force de l’Eglise en montrant la violence de l’attaque , et afin aussi de faire admirer les sévères jugements de Dieu sur Rome persécutrice, avec l’invincible puissance de sa main qui abattait aux pieds de son Eglise victorieuse une puissance redoutée de tout l’univers.

Tout le chapitre IX, depuis le verset 14 jusqu’au chapitre XX, est donné à ce dessein. Pour préparer les esprits à la chute de ce grand Empire, saint Jean nous montre de loin les Perses, d’où lui devait venir le premier coup. Le caractère dont il se sert pour les désigner n’est pas obscur, puisqu’il les appelle les rois d’Orient et leur fait passer l’Euphrate (Chap. IX, 14; XVI, 12), qui semblait fait pour séparer l’Empire romain d’avec eux. C’est là que le saint apôtre commence à montrer combien les Romains furent rebelles contre Dieu, qui les frappait pour les corriger de leur idolâtrie ; ce qu’il continue à faire voir en récitant les opiniâtres persécutions dont ils ne cessèrent d’affliger l’Eglise.

V. — La persécution commence à paraître au chapitre XI avec la bête : la bête représentée aux chapitres XIII et XVII, montre la persécution en général, et plus particulièrement la persécution de Dioclétien.

Elles commencent à paraître au chapitre XI ; et comme jusqu’ici on nous a donné des caractères bien marqués et bien sensibles des Juifs et des gentils, on ne nous en a pas donné de moins clairs pour désigner la persécution romaine. Le plus marqué de ces caractères a été celui de la bête, qu’on ne nous représente parfaitement que dans les chapitres XIII et XVII, mais que néanmoins on a commencé à nous faire voir dès le chapitre XI comme celle qui mettait à mort les élus de Dieu et les fidèles témoins de sa vérité. Il nous faut donc ici arrêter les yeux sur les caractères de cette bête, que nous voyons beaucoup plus clairs et mieux particularisés que tous les autres.

On est accoutumé par la prophétie de Daniel à reconnaître les grands empires sous la figure de quelques fiers animaux : il ne faut donc pas s’étonner si on nous représente l’Empire romain sous cette figure, qui n’a plus rien d’étrange ni de surprenant pour ceux qui sont versés dans les Ecritures. Mais le dessein de saint Jean n’est pas de nous marquer seulement un grand et redoutable empire : c’était aux saints principalement et aux fidèles de Jésus-Christ qu’il était redoutable. Saint Jean nous le montre donc comme persécuteur et avec son idolâtrie, parce que c’était pour l’amour d’elle qu’il tourmentait les enfants de Dieu. Continuer à lire « Bossuet : « Abrégé de l’Apocalypse » »

L’Epître de saint Jude

El Greco, l'ouverture du Cinquième Sceau de l'Apocalypse

(1) Moi, Jude, serviteur de Jésus Christ et frère de Jacques, je m’adresse à vous, les appelés, bien-aimés de Dieu le Père et réservés pour Jésus Christ : (2) que la miséricorde, la paix et l’amour vous soient accordés en abondance.
(3) Mes bien-aimés, j’étais bien décidé à vous écrire au sujet du salut qui nous est commun ; or me voici forcé de vous écrire pour vous exhorter à combattre pour la foi qui a été transmise aux fidèles une fois pour toutes. (4) Car il s’est infiltré parmi vous des individus que l’Écriture condamne depuis longtemps pour ce qu’ils font, des impies qui confondent la grâce de notre Dieu avec le droit de se livrer à la débauche, et qui renient Jésus Christ, notre seul maître et Seigneur.
(5) Bien que vous sachiez déjà tout, je veux vous rappeler ceci : le Seigneur, qui avait sauvé une fois pour toutes son peuple en le faisant sortir du pays d’Égypte, a pourtant supprimé ensuite ceux qui ont refusé de croire ; (6) quant aux anges qui ne se sont pas maintenus dans leur dignité, mais ont quitté la demeure qui était la leur, le Seigneur les maintient éternellement enchaînés dans l’obscurité en vue du jugement du grand jour ; (7) de même encore, Sodome et Gomorrhe et les villes d’alentour qui se sont livrées à la débauche de la même façon que les anges : en voulant aller avec des êtres d’une autre nature qu’eux, elles sont soumises pour l’exemple au châtiment du feu éternel.
(8) Et pourtant, ces individus, dans leurs chimères, font la même chose : ils souillent leur corps, ils méprisent la souveraineté de Dieu, ils outragent les anges glorieux. (9) Or l’archange Michel, discutant avec le démon dans la querelle au sujet du corps de Moïse, n’osa pas porter contre lui un jugement outrageant ; il lui dit seulement : Que le Seigneur te punisse ! (10) Eux, au contraire, tout ce qu’ils ne connaissent pas, ils l’outragent ; et tout ce qu’ils savent les corrompt, car ils ne le saisissent que par l’instinct, comme des bêtes sans raison. (11) Malheureux sont-ils ! Ils sont partis sur le chemin de Caïn ; pour de l’argent, ils se sont laissés emporter par l’égarement de Balaam ; ils ont péri avec la révolte de Coré au temps de Moïse. (12) Ces individus sont l’écueil de vos agapes, ils s’empiffrent sans pudeur, ils ne se préoccupent que d’eux-mêmes : nuages sans eau emportés par le vent ; arbres de fin d’automne sans fruits, deux fois morts, déracinés ; (13) flots sauvages de la mer, crachant l’écume de leur propre honte ; astres errants, pour lesquels est réservée à jamais l’obscurité des ténèbres. (14) C’est encore pour eux qu’a prophétisé Hénok, le septième patriarche depuis Adam, qui disait :Voici que le Seigneur, avec ses saints anges par dizaines de milliers, (15) vient siéger pour le jugement universel et accuser tous les hommes pour tous les actes d’impiété qu’ils ont commis, et pour toutes les paroles intolérables que les pécheurs impies ont prononcées contre lui. (16) Ce sont des gens qui récriminent, qui protestent contre leur sort, qui s’en vont au gré de leurs passions ; leur bouche profère des énormités, ils n’ont d’égard pour les gens qu’en fonction de leur intérêt.
(17) Mais vous, mes bien-aimés, souvenez-vous de ce qui vous a été prédit par les Apôtres de notre Seigneur Jésus Christ. (18) Ils vous disaient en effet qu’aux derniers temps, il y aura des railleurs, menés par leurs passions impies. (19) Ce sont des fauteurs de divisions, ils ne dépassent pas l’humain, ils ne possèdent pas l’Esprit. (20) Mais vous, mes bien-aimés, que votre foi très sainte soit le fondement de la construction que vous êtes vous-mêmes. Priez dans l’Esprit Saint, (21) maintenez-vous dans l’amour de Dieu, attendant la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ en vue de la vie éternelle. (22) Ceux qui sont hésitants, prenez-les en pitié, (23) sauvez-les en les arrachant au feu ; quant aux autres, prenez-les aussi en pitié, mais avec crainte, en détestant jusqu’au vêtement souillé par leur corps.
(24) Gloire à Dieu, qui a le pouvoir de vous préserver de la chute et de vous rendre irréprochables et pleins d’allégresse, pour comparaître devant sa gloire : (25) au Dieu unique, notre Sauveur, par notre Seigneur Jésus Christ, gloire, majesté, force et puissance, avant tous les siècles, maintenant et pour tous les siècles. Amen.