MAXENCE CARON

Philosophe, éditeur, écrivain prolifique, cette figure montante de la vie intellectuelle française fut d’abord athée et communiste, avant d’embrasser la foi chrétienne et la poésie mystique.

À moins de 35 ans, Maxence Caron s’impose comme une figure de plus en plus incontournable de la vie intellectuelle et littéraire française. Philosophe, écrivain, poète, musicien, également éditeur au Cerf où il a créé les « Cahiers d’histoire de la philosophie », Maxence Caron est aussi – et peut-être avant tout – un esprit profondément religieux. Pourtant, c’est d’abord à la philosophie qu’il se convertit, à l’âge de 15 ans, en tombant sur une célèbre phrase de Parménide, après avoir ouvert au hasard un manuel de philosophie : « L’être est, le non-être n’est pas. » La beauté de cette mystérieuse sentence décide de sa vocation.

« Je n’ai plus rien à faire, je m’attends en Dieu, c’est la Joie de Vérité »

Jeune philosophe athée et communiste, il se convertit au christianisme à 22 ans. Il produit une douzaine de livres, parmi lesquels une monumentale étude sur Heidegger de presque 2000 pages, qui lui vaut le prix de philosophie de l’Académie française en 2005. La Vérité captive (2009) est le premier opus d’un vaste système philosophique en cours d’élaboration, qui prend acte d’un certain nombre d’échecs et d’impasses de la pensée contemporaine pour repenser la philosophie à neuf à partir d’une ontologie trinitaire originale. Ce livre au style étonnant et à la langue très travaillée s’achève par un poème : Le Chant de l’âme dans le corps mystique.

Les « veilleurs de l’aurore »

Le Chant du veilleur, dernier ouvrage de l’auteur, reprend et approfondit cette veine, en une poésie mystique, spéculative, musicale et également satirique. Le motif du « veilleur » est très ancien dans la tradition mystique ; on le trouve déjà dans le célèbre psaume 130 De profundis : « Mon âme attend le Seigneur plus que les veilleurs l’aurore » (Ps 130, 6).

Dans ce long poème en versets, Maxence Caron retrouve le souffle de Charles Péguy et de Paul Claudel en renouvelant de fond en comble la poésie mystique catholique, et en inventant une nouvelle langue poétique pour dire l’expérience de Dieu : « Je n’ai plus rien à faire, je m’attends en Dieu, c’est la Joie de Vérité. » Au bout de « la nuit obscure », le poète veilleur finit donc par trouver la lumière. Un livre comme on n’en a pas vu depuis très longtemps.

Henri de Monvallier

 

Maxence Caron, Le Chant du veilleurPoème Symphonique (Via Romana, 272 p., 19 €).

Pour aller plus loin

Pages – Le Sens, la musique et les mots (Séguier, 2009).

La Vérité captive – De la philosophie (Cerf/Ad Solem, 2009).

Heidegger. Pensée de l’être et origine de la subjectivité (Cerf, 2005).